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Poésie mars 2020
Jeudi 9 Avril 2020 à 15:07 Azuro
Voici les textes en vers ou en prose écrits sur ovs Lyon pendant la période de confinement de Mars 2020.
1)
Merveilles des merveilles, la vie s'éveille
Elle sort de son confort hivernal, et l'homme son parfum inhale
La vie en vase clos n'est pas bonne pour le dos
Et l'homme engourdi déplie sa colonne rabougrie
J'ai regardé le cours de l'eau de la rivière
J'y ai vu le symbole de la vie même
La vie qui s'écoule, saute les barrières
La vie qui à chacun nous dit : 'je t'aime'
2)
Mais qu'ai-je fait?
Mais qu'ai-je fait pour être en prison depuis 15 jours?
Mais qu'ai-je fait pour ne plus toucher mes semblables?
Etais-je un salaud dans une vie antérieure?
Ai-je commis trop de péchés dans cette vie actuelle?
Mais qu'ai-je fait pour tourner en rond comme un fauve en cage?
Mais qu'ai-je fait pour ne plus avoir envie de vivre?
Ai-je maltraité une femme, un enfant?
Ai-je volé, tué, escroqué, truicidé?
3)
Poème en 6 rimes riches :
Je me fais chier
Tu te fais chier
Il se fait chier
Nous nous faisons chier
Vous vous faites chier
Ils se font chier4)
Elle voulut partir sur le flot d'un rêve
Sortir de la réalité par trop cruelle
Son envie n'avait pas de trêve
Elle voulait souvent ouvrir ses ailes
Un matin le soleil brillait très fort
Elle voulut fuir tout ce cirque
Et sans le moindre remords
Elle quitta ce monde inique5)
Il sentait dans les tréfonds de son âme l'appel du dehors. Trop longtemps confiné chez lui, comme un loup enclos derrière des grillages barbelés, il sentait l'appel de la forêt. Le nez en l'air, il humait les odeurs des animaux sauvages, ses anciens partenaires du monde libre et sauvage. Les pollens aussi lui chatouillaient le fond du nez, et il savait reconnaître l'arbre dont ils venaient.
Il suivit du regard le vol circulaire d'un petit rapace, et son esprit vagabonda. Tel un drone mental, il survolait la ville presque déserte. Il suivait le cours de la rivière, relançant son vol régulièrement d'un coup d'aile. Puis il vit une truite et plongea dans la rivière. Au moment où son bec perforait la surface liquide, il se réveilla.
Samedi 4 avril. Encore 14 jours de prison.
6)
L'air était limpide. Il faisait encore jour, mais la lune se montrait déjà. Une odeur flottait dans l'air, un mélange de parfum de magnolias et d'orthensias. Seul, assis sur sa terrasse, il repensait à sa journée écoulée. Le petit-déjeuner avalé rapidement, la randonnée de la matinée le long de la rivière, le déjeuner copieux suivi d'une petite sieste, l'après-midi monotone entre musique et ordi, et cette soirée enivrante.
Il tira une bouffée de sa cigarette.
Demain, le boulot recommencera. Les collègues, la machine-à-café, les appels aux clients, la cantine, le tour des fournisseurs. Il aimait son travail, rentrait tard le soir.7)
Rien ne sera plus comme avant.
Les poules auront des dents.
Les esprits seront marqués au fer rouge.
Les âmes recroquevillées sur leurs angoisses.
Les corps flétris comme des feuilles séchées.
Le livre de la vie n'a bientôt plus de pages.
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